Le président Alpha Condé a procédé à un léger remaniement de son gouvernement, à moins de cinq mois du premier tour de l’élection présidentielle fixé le 11 octobre 2015. Il s’agit d’une confirmation, d’une mutation, de deux promotions et de deux départs.

En parcourant ce décret présidentiel, cinq observations méritent d’être signalées. D’abord, le locataire du palais Sékhoutouréya confirme la dépêche de Guinéenews du 31 mars 2015, intitulée « Guinée : Les dessous d’un mini remaniement ministériel qui tarde à venir ».

Deuxièmement, s’agissant de la confirmation, il s’agit de Mohamed Hamirou Conté, qui passe du secrétaire général au poste de ministre de la Culture et du patrimoine historique en lieu et place de Dr Ahmed Tidjane Cissé, décédé. A travers cette élévation, le président Condé coupe court la bataille rangée pour le contrôle de ce poste.

S’agissant de la mutation, il s’agit de Louncény Camara, qui cède la pêche au profit du ministère de la ville et de l’aménagement. Considéré comme « l’enfant chéri », l’homme change de départements comme le caméléon changerait de couleurs. De la commission électorale nationale indépendante (CENI) en 2012, le syndicaliste passe en trois ans du portefeuille de l’hôtellerie au ministère de la ville, en passant par la pêche.

Quant aux promus, il s’agit du retour aux affaires d’un ancien ministre de la transition sous Dadis Camara d’un côté. Architecte de son état, membre de l’opposition extra-parlementaire, Boubacar Barry hérite de l’industrie et de la promotion du secteur privé.

Du second tour de la présidentielle en 2010 à sa nomination en 2015, l’homme aura frappé à toutes les portes. Tantôt neutre au second tour, tantôt centriste lors du premier dialogue politique, l’homme a basculé dans l’opposition lors des préparatifs des législatives, vire au sein de l’opposition extra-parlementaire, avant d’être promu ministre.

Selon des indiscrétions, le choix de ce proche de Dadis Camara, était attendu depuis plsuisuers semaines avant d’être différé. Souvent annoncé premier ministre sous Alpha Condé par les rumeurs, l’homme se contente d’un ministère, où il aura du pain sur la planche.

Quant à Jean René Camara, précédemment Secrétaire général du ministère du Plan, méconnu du public, il bénéficie d’une promotion et prend les rênes du ministère de la Pêche.

Derniers détails, si le limogeage d’Ibrahima Bangoura peut s’expliquer, tant l’homme aura brillé par son inertie, le départ de Fatoumata Binta Diallo à la tête du ministère de l’industrie est en revanche, critiquable même si le chef de l’Etat est libre de ses choix.

Cela est d’autant vrai que les femmes sont sous-représentées dans son gouvernement, alors qu’il dit avoir dédié son premier mandat aux jeunes et aux femmes. Alors comment justifier qu’on balaie une dame par un homme au nom de la realpolitik.

En plus, comme son prédécesseur, Mme Fatoumata Binta Diallo est une bosseuse, selon ses collaborateurs. Dirigeant des projets ambitieux, la dame impliquait les médias dans toutes ses actions.

Comme on le voit, adepte des changements en douceur sous fond de calculs politiciens ou électoralistes, le président Condé est loin de procéder à une restructuration en profondeur