Si le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte guinéenne de 2008 à
2009, a raté son retour à Conakry, le 26 août, ce n'est pas à cause des
autorités du Burkina Faso, pays où il vit en exil depuis cinq ans. Les
présidents ivoirien et guinéen, en revanche, n'ont manifestement pas
envie d'accueillir un hôte encombrant.
Le 24 août, Dadis et quatre de ses proches achètent à leur nom cinq
billets d’avion Ouagadougou-Conakry, via Abidjan. Date de départ : le 26
août. Le 25 à 22 heures, l’ancien chef de l’État reçoit à sa résidence
de Ouaga 2000 la visite du Premier ministre burkinabè. « Le colonel Zida
nous a souhaité bon voyage », témoigne Me Jean-Baptiste Jocamey Haba,
l’avocat guinéen présent à l’audience.
Chronologie de la journée du 26 août
Le 26 à 7 h 30, Dadis et ses quatre compagnons de voyage sont
accueillis dans le salon d’honneur de l’aéroport de Ouagadougou, puis
accompagnés par le protocole burkinabè jusqu’à l’avion Air Burkina pour
Abidjan. À 8 h 30, l’avion décolle. Jusque-là, tout va bien. Les cinq
hommes doivent atterrir à Abidjan à 9 h 45, puis, à 12 h 10, prendre un
vol commercial Air Côte d’Ivoire à destination de Conakry. Mais à 9 h
35, dix minutes avant l’atterrissage à Abidjan, le commandant de bord
annonce aux passagers que l’avion est dérouté sur Accra.
Selon nos informations, le président Alpha Condé a personnellement
appelé Alassane Ouattara, son homologue ivoirien – alors en vacances à
Mougins, dans le sud de la France – pour lui demander de faire atterrir
l’avion au Ghana. Pour Dadis, c’est l’échec et le retour à la case départ : Ouagadougou.
Condé et Ouattara ont-ils été avertis du plan Dadis à la dernière
minute ? Apparemment non. Le 14 août, l’ancien numéro un guinéen avait
tenté une première fois de rentrer par Air Burkina, via Abidjan. Il
avait déjà son billet en poche, mais avait renoncé à son voyage après
avoir reçu un coup de fil d’un responsable burkinabè le prévenant que
Conakry et Abidjan allaient tenter de s’opposer à son retour.
Ouattara et Condé étaient donc au courant des intentions de
l’ex-capitaine putschiste. Le 26 août, sans doute ont-ils espéré
jusqu’au dernier moment que le Burkina Faso empêcherait Dadis de monter
dans l’avion Ouagadougou-Abidjan. Mais le président Michel Kafando et
Isaac Zida, son Premier ministre, n’ont pas voulu bloquer le départ de
leur hôte. Et c’est dans l’urgence que le chef d’État ivoirien s’est
résolu à faire dérouter le vol commercial d’Air Burkina.
lundi 31 août 2015
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)







0 commentaires:
Enregistrer un commentaire