Alors que les candidats à l’élection présidentielle d’octobre sont invités depuis le 3 août à déposer leur dossier auprès de la Commission électorale indépendante (CEI) et que la campagne électorale n’a pas encore officiellement commencé, le débat politique entre pouvoir et opposition prend une tournure inattendue…
D’un côté, un chef de l’État qui brigue un second mandat, Alassane Dramane Ouattara (ADO). Candidat du Rassemblement des républicains (RDR) et du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié (lire encadré ci-dessous), il multiplie les meetings à l’intérieur du pays ces dernières semaines, défendant son bilan, et a solennellement déposé son dossier auprès de la CEI dès le 5 août.
De l’autre, une opposition bien partie pour se présenter en ordre dispersé au scrutin (déjà six candidatures annoncées) malgré le lancement en mai de la Coalition nationale pour le changement (CNC), dirigée depuis peu par l’ex-Premier ministre Charles Konan Banny. Laquelle se distingue désormais par sa volonté de remettre sur le devant de la scène le vieux débat sur l’éligibilité de Ouattara à la magistrature suprême.
Controverses sur l’éligibilité de Ouattara
En toile de fond, bien sûr, l’article 35 de la Constitution, relatif à l’éligibilité, selon lequel un candidat à la présidentielle « doit être ivoirien d’origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d’origine ». Source de tensions et de crises profondes pendant près d’une décennie dans le pays, cet article avait été quelque peu « assoupli » – sur ce point comme sur d’autres – par les accords de Linas-Marcoussis (en 2003), afin notamment de permettre à Alassane Ouattara de se présenter en 2010.
« Au regard de la Constitution, des textes réglementaires et de la jurisprudence en la matière, Alassane Ouattara reste et demeure inéligible à l’élection présidentielle », ont dégainé dès le 1er août les « frondeurs » du Front populaire ivoirien (FPI) de l’ex-président Laurent Gbagbo (qui, lui, s’oppose à la ligne modérée du président du parti, Pascal Affi N’Guessan). « Il ne devrait pas y avoir de tabous aujourd’hui. Surtout lorsqu’il s’agit simplement de faire respecter notre Loi fondamentale. Et que l’on ne nous dise pas que parler de l’article 35 revient à parler d’ivoirité [concept flou qui, dans son interprétation radicale, définit qui est ivoirien ou non], cela n’a rien à voir », rétorque le député du PDCI de Port-Bouët, Kouadio Konan Bertin, probable candidat en octobre. Puis d’ajouter, en faisant référence à Bédié : « D’ailleurs, les pères de l’ivoirité ne sont pas avec nous aujourd’hui, ils sont alliés à M. Ouattara… »
Seul le leader de Liberté et Démocratie pour la République (Lider) et ancien président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly s’est clairement et très tôt exprimé contre cette stratégie, qualifiant le débat sur l’article 35 de « faux débat ».
source:jeuneafrique.com







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