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mardi 29 décembre 2015

M. Ibrahima Kalil Konaté, Directeur Communal de l’Education de la commune de Matoto

« Le manque de personnel enseignant est un variable casse- tête  pour l’éducation de Matoto »

  L’Indexeur: Comment se porte l’éducation pré-universitaire dans votre commune ?
Ibrahima Kalil Konaté K2 : La Direction Communale d’Education s’occupe correctement de ses écoles au point que je puisse affirmer que l’éducation pré universitaire se porte très bien dans la commune de Matoto. Nous avons fait  une ouverture avec 44%   le premier jour  pour le taux de fréquentation au niveau des élèves.  Depuis ce jour, les cours  se font correctement dans les      650 établissements privés et les 69 établissements publics laïcs. Donc, au nom de mes collaborateurs, je peux m’en réjouir que notre département se porte très bien dans la commune de Matoto.

  Qu’est-ce qui explique le faible niveau des jeunes  élèves ?
 Le bas niveau des élèves, il faut le rechercher à plusieurs niveaux. Au premier niveau, c’est le  recrutement des enseignants. Je pense que beaucoup se trouvent dans cette activité aujourd’hui, au départ ce ne sont pas enseignants, par manque d’emploi certains sont rentrés là- dedans.

Au départ, Ils ont été  informaticiens, des hommes de droit. Puisque l’éducation était la  porte  d’entrée pour l’Administration, chacun est venu s’infiltrer.  Alors qu’on a des institutions de formation des enseignants. Pour être enseignant au primaire, Il faut sortir de l’école normale des instituteurs ENI, pour  le collège ou au lycée il faut  être diplômé de l’ISEEG. Mais, contrairement à ces enseignants qui ont  été formés uniquement  pour enseigner, on les  laisse pour recruter n’importe comment. Et puis au niveau  des écoles privées, tous ces gens  qui évoluent  là-bas ne sont pas des enseignants, c’est par manque de travail certains ont échoué deux fois au BAC, ils n’ont plus d’autre ressource que d’être  des enseignants dans les écoles privées. Nous sommes dans cette situation, qui fait qu’aujourd’hui cette façon de se comporter  influence directement le niveau de formation des enfants.   Voilà en clair, ce sont les  deux éléments clés qui font que le niveau des enfants est très bas dans les écoles, vous allez constater que  même dans les maternelles, les enfants parlent bien français ainsi qu’à l’élémentaire, mais à l’écrit c’est autre chose. Donc je pense que pour résoudre ce problème, il faut qu’on organise les états généraux de l’éducation, pour que les cadres se retrouvent  pour réfléchir, trouver un nouvel élan pour démarrer et résoudre définitivement ce problème de niveau des élèves.

Quelles sont vos difficultés ? 
Vous savez  que chaque année cette activité évolue avec ces deux aspects, tout n’est pas rose. Nous rencontrons des difficultés, pas moi personnellement ; je parle des enseignants en situation de classe, des conseillers, des principaux  censeurs,  au quotidien ils  rencontrent de petits problèmes, mais  qui n’empêchent pas  de faire correctement notre programme. Aujourd’hui, le  problème réel  qui se trouve dans l’éducation de Matoto, c’est le manque de personnel. Il en manque sérieusement tant au niveau de l’Enseignement élémentaire et secondaire. L’année dernière la commune de Matoto il y’a eu  une cinquantaine d’enseignants qui sont allés à la retraite qui n’ont  pas été remplacés.  Cette année  nous avons   déjà reçu la liste de 19 partants qui sont  en situation de classe.  Quand ceux-ci vont déposer la craie  à partir du 31 décembre, on n’a pas de remplaçants.   Ça fait combien d’années on ne fait  pas de recrutement, donc le manque de personnel enseignant est un véritable casse- tête aujourd’hui. Si on a des problèmes c’est à ce niveau.

Où en sommes-nous sur le cas des  contractuels ?
L’Année dernière,  les gens  ont fait de l’amalgame, vous  savez dans nos écoles il y’a des enseignants bénévoles, c'est-à-dire quand  vous êtes professeur de philosophie, vous êtes  titulaire, vous trouvez un de vos anciens élèves qui a fini ses études, qui vient prendre vos cours pour vous permettre d’aller donner des cours dans les écoles privées. A la  fin du mois, vous trouvez dans votre salaire un  certain montant pour lui donner. Ces gens évoluent dans nos écoles mais sous forme de  tutorat des professeurs pour lesquels ils travaillent.

Il y’a une autre catégorie  qu’on appelle des  contractuels temporaires depuis 2012,  ils  ont été pris en charge par l’Etat, il y’a 174 qui évoluent dans ma commune, à la  fin de mois ils ont leurs primes de 470.000 fg.  D’ailleurs, on ne recrute pas de contractuels sauf quand ’ils nous autorisent.

 Quelles sont vos perspectives pour 2016 ?
 Vous savez notre département a élaboré  un calendrier pour 2015-2016 sur lequel nous allons  travailler sur ce calendrier pour faire un plan d’action. Dans nos  perspectives, ce qui  est urgent à faire dès l’ouverture. Au mois de  janvier nous  allons envoyer des inspecteurs dans les écoles pour  évaluer ce que les enseignants en situation de classe ont fait.  Cette année nous l’avons donné la priorité.  Nous avons fait un plan d’action,  5000 enseignants seront inspectés cette année et 500 instituteurs donc 1000 enseignants se  trouvent dans notre mur pour l’inspection.

 Nous avons aussi  dans notre plan d’action  la formation continue,  il y’a une équipe d’enseignants qui est en train d’évoluer  pour le besoin de formation, c’est à dire nous avons élaboré  des fiches d’enquête. On a envoyé  dans les écoles, à partir de ces fiches on peut  connaitre  les enseignants qui sont  en besoin de formation, soit en  chimie, matchs ou physique, une fois que les enseignants- là sont qualifiés nous allons organiser des journées scientifiques pour ces enseignants pour la mise à niveau
Cette année, on a beaucoup d’objectifs sur le plan sportif et culturel,  un carnaval culturel dans la commune de Matoto. Voilà l’ossature de notre plan d’action pour 2016.

 Que faites-vous  pour lutter contre les fraudes  dans les examens nationaux ?
 Vous savez nous à l’année dernière, on a jamais eu de rumeurs de fraudes dans notre commune, peut- être c’est en 2013 il y’a eu  beaucoup de choses  mais cela n’a pas été avéré. Mais  cette année nous avons pris le devant parce que nous sommes en train d’élaborer la liste des candidats pour nous permettre de nettoyer la liste des candidats avant l’ouverture. C’est à dire faire en sorte que   celui qui n’est pas  admis à l’examen ne fera pas  le BEPC et celui qui n’a pas son brevet ne fera pas  le BAC. C’est ce travail de tri que nous sommes en train de faire.  Tout ça c’est pour moraliser le système d’évaluation dans notre commune.

 Votre point de vue sur le futur gouvernement ?
Le président  de la République doit faire en sorte   que le nouveau gouvernement qui sera mis en place, contienne des cadres dévoués. Vous savez, il ne suffit pas d’être compétent pour être un bon cadre, il faut être engagé et avoir l’intégrité morale et patriote.  L’expérience vient avec le temps mais c’est des personnes engagées, soucieuses de l’avenir de la Guinée  qu’il faut rechercher.
 Votre mot de la fin ?

 C’est de souhaiter mes meilleurs vœux au peuple de Guinée, aux enseignants et aux élèves, que l’année 2016 nous rapporte le bonheur et le succès. Mes vœux aussi vont à l’endroit de nos gouvernants, particulièrement le chef de l’Etat et les journalistes, c’est grâce à eux  que nos concitoyens sont informés de ce que nous faisons.

Interview réalisée par Alseny Camara

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