« Le
manque de personnel enseignant est un variable casse- tête pour l’éducation de Matoto »
L’Indexeur: Comment se porte l’éducation
pré-universitaire dans votre commune ?
Ibrahima
Kalil Konaté K2 : La Direction Communale d’Education
s’occupe correctement de ses écoles au point que je puisse affirmer que
l’éducation pré universitaire se porte très bien dans la commune de Matoto.
Nous avons fait une ouverture avec
44% le premier jour pour le taux de fréquentation au niveau des
élèves. Depuis ce jour, les cours se font correctement dans les 650 établissements privés et les 69
établissements publics laïcs. Donc, au nom de mes collaborateurs, je peux m’en
réjouir que notre département se porte très bien dans la commune de Matoto.
Qu’est-ce qui explique le faible niveau des
jeunes élèves ?
Le bas niveau des
élèves, il faut le rechercher à plusieurs niveaux. Au premier niveau, c’est
le recrutement des enseignants. Je pense
que beaucoup se trouvent dans cette activité aujourd’hui, au départ ce ne sont
pas enseignants, par manque d’emploi certains sont rentrés là- dedans.
Au départ, Ils
ont été informaticiens, des hommes de
droit. Puisque l’éducation était la
porte d’entrée pour
l’Administration, chacun est venu s’infiltrer.
Alors qu’on a des institutions de formation des enseignants. Pour être
enseignant au primaire, Il faut sortir de l’école normale des instituteurs ENI,
pour le collège ou au lycée il faut être diplômé de l’ISEEG. Mais, contrairement
à ces enseignants qui ont été formés
uniquement pour enseigner, on les laisse pour recruter n’importe comment. Et
puis au niveau des écoles privées, tous
ces gens qui évoluent là-bas ne sont pas des enseignants, c’est par
manque de travail certains ont échoué deux fois au BAC, ils n’ont plus d’autre
ressource que d’être des enseignants
dans les écoles privées. Nous sommes dans cette situation, qui fait
qu’aujourd’hui cette façon de se comporter
influence directement le niveau de formation des enfants. Voilà en clair, ce sont les deux éléments clés qui font que le niveau des
enfants est très bas dans les écoles, vous allez constater que même dans les maternelles, les enfants
parlent bien français ainsi qu’à l’élémentaire, mais à l’écrit c’est autre
chose. Donc je pense que pour résoudre ce problème, il faut qu’on organise les
états généraux de l’éducation, pour que les cadres se retrouvent pour réfléchir, trouver un nouvel élan
pour démarrer et résoudre définitivement ce problème de niveau des élèves.
Quelles sont vos difficultés ?
Vous savez que chaque année cette activité évolue avec ces deux aspects, tout n’est pas rose. Nous rencontrons des difficultés, pas moi personnellement ; je parle des enseignants en situation de classe, des conseillers, des principaux censeurs, au quotidien ils rencontrent de petits problèmes, mais qui n’empêchent pas de faire correctement notre programme. Aujourd’hui, le problème réel qui se trouve dans l’éducation de Matoto, c’est le manque de personnel. Il en manque sérieusement tant au niveau de l’Enseignement élémentaire et secondaire. L’année dernière la commune de Matoto il y’a eu une cinquantaine d’enseignants qui sont allés à la retraite qui n’ont pas été remplacés. Cette année nous avons déjà reçu la liste de 19 partants qui sont en situation de classe. Quand ceux-ci vont déposer la craie à partir du 31 décembre, on n’a pas de remplaçants. Ça fait combien d’années on ne fait pas de recrutement, donc le manque de personnel enseignant est un véritable casse- tête aujourd’hui. Si on a des problèmes c’est à ce niveau.
Où en sommes-nous sur le cas des contractuels ?
L’Année dernière, les gens ont fait de l’amalgame, vous savez dans nos écoles il y’a des enseignants bénévoles, c'est-à-dire quand vous êtes professeur de philosophie, vous êtes titulaire, vous trouvez un de vos anciens élèves qui a fini ses études, qui vient prendre vos cours pour vous permettre d’aller donner des cours dans les écoles privées. A la fin du mois, vous trouvez dans votre salaire un certain montant pour lui donner. Ces gens évoluent dans nos écoles mais sous forme de tutorat des professeurs pour lesquels ils travaillent.
Il y’a une autre catégorie qu’on appelle des contractuels temporaires depuis 2012, ils
ont été pris en charge par l’Etat, il y’a 174 qui évoluent dans ma
commune, à la fin de mois ils ont leurs
primes de 470.000 fg. D’ailleurs, on ne
recrute pas de contractuels sauf quand ’ils nous autorisent.
Quelles sont vos perspectives pour 2016 ?
Vous savez notre département a élaboré un calendrier pour 2015-2016 sur lequel nous
allons travailler sur ce calendrier pour
faire un plan d’action. Dans nos
perspectives, ce qui est urgent à
faire dès l’ouverture. Au mois de
janvier nous allons envoyer des
inspecteurs dans les écoles pour évaluer
ce que les enseignants en situation de classe ont fait. Cette année nous l’avons donné la
priorité. Nous avons fait un plan
d’action, 5000 enseignants seront
inspectés cette année et 500 instituteurs donc 1000 enseignants se trouvent dans notre mur pour l’inspection.
Nous avons
aussi dans notre plan d’action la formation continue, il y’a une équipe d’enseignants qui est en
train d’évoluer pour le besoin de
formation, c’est à dire nous avons élaboré
des fiches d’enquête. On a envoyé
dans les écoles, à partir de ces fiches on peut connaitre
les enseignants qui sont en
besoin de formation, soit en chimie,
matchs ou physique, une fois que les enseignants- là sont qualifiés nous allons
organiser des journées scientifiques pour ces enseignants pour la mise à niveau
Cette année, on a beaucoup d’objectifs sur le plan
sportif et culturel, un carnaval
culturel dans la commune de Matoto. Voilà l’ossature de notre plan d’action
pour 2016.
Que
faites-vous pour lutter contre les
fraudes dans les examens
nationaux ?
Vous savez nous à
l’année dernière, on a jamais eu de rumeurs de fraudes dans notre commune,
peut- être c’est en 2013 il y’a eu
beaucoup de choses mais cela n’a
pas été avéré. Mais cette année nous
avons pris le devant parce que nous sommes en train d’élaborer la liste des
candidats pour nous permettre de nettoyer la liste des candidats avant
l’ouverture. C’est à dire faire en sorte que
celui qui n’est pas admis à
l’examen ne fera pas le BEPC et celui
qui n’a pas son brevet ne fera pas le
BAC. C’est ce travail de tri que nous sommes en train de faire. Tout ça c’est pour moraliser le système
d’évaluation dans notre commune.
Votre point de vue sur le futur
gouvernement ?
Le
président de la République doit faire en
sorte que le nouveau gouvernement qui
sera mis en place, contienne des cadres dévoués. Vous savez, il ne suffit pas
d’être compétent pour être un bon cadre, il faut être engagé et avoir
l’intégrité morale et patriote.
L’expérience vient avec le temps mais c’est des personnes engagées,
soucieuses de l’avenir de la Guinée
qu’il faut rechercher.
Votre mot de la fin ?
C’est de souhaiter
mes meilleurs vœux au peuple de Guinée, aux enseignants et aux élèves, que
l’année 2016 nous rapporte le bonheur et le succès. Mes vœux aussi vont à
l’endroit de nos gouvernants, particulièrement le chef de l’Etat et les
journalistes, c’est grâce à eux que nos
concitoyens sont informés de ce que nous faisons.
Interview
réalisée par Alseny Camara
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