En Guinée, on a la fâcheuse tendance à ne pas tirer les leçons du passé. Ce
qui en résulte, c’est que les Guinéens sont toujours dans une posture de
règlement de situations conflictuelles, particulièrement au sein de la classe
politique. Malgré tous les enseignements dont la CENI (commission électorale
nationale Indépendante) a pu s’imprégner, avec l’organisation de trois
échéances électorales majeures, avec notamment deux présidentielles, marquées
de beaucoup d’insuffisances comme le témoignent les rapports d’observation
internationaux.
La réalité est que la Ceni guinéenne est en manque perpétuel de stratégies
et, est toujours confrontée de façon systématique à un contretemps et à des
contraintes opérationnelles.
La CENI est-elle exempte de critiques ?
La question n’est pas de s’aligner pour ou contre les propositions faites
par la Commission électorale nationale indépendante, mais de tirer les
conclusions de ses six années de gestion des processus électoraux en Guinée. Et
de ce point de vue, le bilan est loin d’être reluisant, même si les
observateurs électoraux se sont toujours accordés en langage diplomatique, pour
dire que « les dysfonctionnements observés ne sont pas de nature à remettre en
question la régularité du scrutin ».
Il est tout aussi important de noter que les nombreuses irrégularités
égrenées par ces missions d’observation estrangères sont cependant de nature,
le plus souvent à empêcher le citoyen d’exprimer sa voix ; ce qui constitue en
soi un échec pour une institution chargée d’organiser une élection. Car le but
c’est de permettre à chaque citoyen de voter dans un esprit de consultation
démocratique.
Les accords du 20 Août dernier, arrachés après d’âpres négociations alors
que l’opposition tenait coûte que coûte à la tenue des communales avant la
présidentielle, stipulaient que les élections locales se tiendraient au premier
trimestre de l’année en cours. Comme toujours, la Ceni a trouvé le moyen de
repousser pour une énième fois la date d’une élection, la ramenant au mois de
juin pour, selon elle, des raisons de préparation.
Pourtant, cela laissait assez de temps (sept mois) à la Ceni pour organiser
les locales en tenant en compte que les jalons avaient été posés dans ce sens.
Mais non, Elle ne s’est pas limitée là, tandis que la classe politique était
dans l’esprit de la tenue des élections locales pour le mois de juin, la Ceni
annonce à la suite de sa retraite de Kindia, que les communales ne pourraient
se tenir qu’au dernier trimestre de l’année, probablement au mois d’octobre!
Doit t-on continuer à voire dans l’attitude de la Ceni, un souci de bonne
organisation, ou le symbole d’une incompétence et d’un amateurisme qui
perdurent de façon répétitive ? En tout état de cause, les élections ont
toujours été reportées par cette Ceni, depuis sa mise en place. Mais en
réalité, cela n’a jamais empêché les graves dysfonctionnements observés à
chaque fois. Les rapports d’observation lors des deux dernières échéances en
font suffisamment foi. Malgré tout, la Commission électorale continue à montrer
ses limites, son inconséquence, voire le signe d’une éventuelle connivence avec
le pouvoir, comme le pense l’opposition, dans la gestion des processus
électoraux en Guinée.
A qui la responsabilité ?
Elle est partagée par l’ensemble de la classe politique, qui s’est
accordée, à cause du déficit de confiance, à ce qu’il soit mis en place une
Ceni, composée non de techniciens spécialistes en matière électorale, mais des
politiciens issus des différents partis politique, qui ne maitrisent pas
forcément les contours de l’organisation de consultations électorales.
Mais pire au lieu de se départir de leurs manteaux partisans pour
s’investir pleinement dans la réussite de l’organisation des élections, chacun
à chercher à prêcher pour sa paroisse. Au final, la Commission électorale est
devenue une institution où règne la suspicion et où les commissaires se sont
transformés en mercenaires au compte de leurs partis politiques. Chacun
cherchant à poser des actes pour avantager sa formation politique lors des
élections.
Bref, il est temps de réformer la version actuelle de la Ceni qui, en
attendant, surfe sur son prétexte favori de raison de « contraintes juridiques,
logistiques et financières » pour masquer une réalité qui saute aux yeux : son
incapacité dans sa forme et les conditions actuelles a affirmer sa neutralite
objective.
SOURCE : GCI
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