Entre les
pesanteurs sociales et le poids de la religion, la Guinée cherche à se doter
d’un code civil consensuel sur la question de la polygamie. Une pratique
interdite depuis 50 ans par une loi restée lettre morte. Il s’agit d’un
véritable défi, comme l’expliquent à Géopolis Yansané Fatou Baldé et Mohamed
Camara, deux membres éminents de la société civile guinéenne.
Les Guinéens le
reconnaissent volontiers. La loi interdisant la polygamie dans leur pays a été
ignorée, y compris par les plus hauts dirigeants du pays depuis son adoption en
1968. Une loi mort-née, explique à Géopolis Madame Yansané Fatou Baldé,
présidente de la Coalition des femmes-leaders de Guinée
«90 % des
ministres du gouvernement de Sékou Touré (premier président de la Guinée, NDLR)
sont devenus polygames après 1968. Comme la plupart des magistrats en vue. Et
ça s’est fait sous ses yeux. Pourtant, il avait un instrument de répression redouté
de tout le monde: le camp Boiro. Mais jamais on a entendu parler d'arrestation
ni d'une personne jugée et incarcérée dans cette prison pour polygamie.
Aujourd’hui, il n’y a pas un seul procureur de la République qui peut se lever
et interpeller un homme qui est allé signer un deuxième mariage, parce que tous
les procureurs sont polygames», regrette-t-elle.
Faut-il
légaliser la polygamie ?
Dans ce pays où la population est musulmane à plus de 90%, un nouveau projet de code civil est à l’étude. Il propose aux Guinéens trois régimes optionnels.
Dans ce pays où la population est musulmane à plus de 90%, un nouveau projet de code civil est à l’étude. Il propose aux Guinéens trois régimes optionnels.
«Le jour de la
célébration du mariage, les époux conviennent du régime de leur choix. Soit une
femme pour le régime monogamique, soit deux femmes pour le régime de la
polygamie limitée, soit enfin trois ou quatre femmes qui est le maximum permis
par la religion musulmane. C’est le régime de la polygamie intégrale», explique
à Géopolis, le juriste guinéen Mohamed Camara.
Faut-il
légaliser la polygamie? Pourquoi pas, répond Mohamed Camara qui a choisi de
vivre sous le régime de la monogamie. A condition, précise-t-il, d’ouvrir un
débat national sur la question et de tenir compte des effets pervers associés à
la polygamie.
«Comment
comprendre dans le Code civil guinéen, que lorsqu’il est question pour une
femme d’exercer certains métiers, l’on demande d’abord l’avis de l’époux, alors
que l’homme peut exercer les métiers de son choix sans le consentement de son
épouse. Dès l’éducation de base, il faut intégrer la notion selon laquelle,
l’homme et la femme sont égaux, en droit et en devoir. Il faut donner leur
chance aux femmes victimes le plus souvent du plafond de verre, de barrières
invisibles».
Source : France TV Info
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