Alpha Condé, l’«ami» de François Hollande a dû commettre de nombreuses
entorses à ses valeurs républicaines pour assurer sa réélection annoncée hier
avec 57,84% des voies.
Difficile de rester fidèle à ses idéaux démocratiques avec l’exercice du
pouvoir. Alpha Condé avait pourtant tout d’un démocrate: un intellectuel,
militant socialiste, enseignant à l’université. Pourchassé par le régime
autoritaire de Sekou Touré, il a longtemps vécu en exil avant d’être élu
triomphalement sur un champ de ruines en 2010, un an seulement après le
massacre du stade de Conakry (157 morts). En France, Alpha Condé est apprécié
par son «ami» François Hollande. A la loge René-Cassin (Grande Loge de France),
ses «frères» louent ses qualités intellectuelles. Le Président guinéen est
toujours à jour de cotisation -ce qui n’est pas le cas par exemple de l’ancien
ministre de la Coopération Alain Joyandet. Lorsque nous le rencontrons à
quelques jours du scrutin, Alpha Condé est vêtu d’un élégant costume blanc à
manches courtes, il parle calmement à voie basse et paraît préoccupé. Son pays
qui se remet à peine de l’épidémie Ebola pourrait replonger dans la violence,
c’est du moins ce que craignent les observateurs occidentaux qui vont œuvré
pour qu’il soit réélu vite et «bien».
Courant septembre, le chef de l’opposition Cellou Dalein Diallo dénonce des
fraudes et conteste les fichiers électoraux. Selon l’ancien Premier ministre,
des centaines de milliers de mineurs auraient été enrôlés sur les listes en
Haute-Guinée et il y aurait ailleurs des centaines de milliers de doublons. Les
sept candidats de l’opposition s’unissent et exigent un report du scrutin. La
Ceni, l’organe indépendant –une «indépendance» contestée par l’opposition-
prend acte mais refuse de repousser la date fixée au 11 octobre. Le jour du
scrutin, l’Union des Forces démocratiques de Guinée de Dalein Diallo a placé un
délégué dans chaque bureau de vote. «A Banankoro, tous nos militants ont été
menacés et chassés», nous explique un proche. Dalein Diallo dénonce les
manœuvres pour empêcher ses partisans de se rendre aux urnes. En
Moyenne-Guinée, de nombreux bureaux de vote restent fermés. Celui où vote
l’opposante Marie-Madeleine Dioubaté reste ouvert, mais cette dernière n’y a
pas recueilli une seule voie pour elle ! A Kankan, en revanche, des
observateurs de l’opposition prétendent que certains électeurs font la tournée
des bureaux, votant jusqu’à huit fois dans la journée. Dès le lendemain du scrutin,
les sept candidats en lice contre le président sortant se réunissent pour
annoncer qu’ils ne reconnaitront pas les résultats de ce qu’il appelle une
«mascarade». La mission de l’Union Européenne menée par le député européen
Frank Engel chargée d’observer le scrutin n’a pu couvrir que 2.6% des bureaux
de vote. Elle n’y a constaté aucune irrégularité et le député Engel livre un
rapport positif sans engouement.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire