Le représentant du secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest,
Mohamed Ibn Chambas, a exhorté lundi à Dakar le président guinéen réélu Alpha
Condé à former "un gouvernement de large consensus" pour favoriser la
stabilité dans le pays.
La Cour constitutionnelle a proclamé samedi Alpha Condé vainqueur dès le
premier tour de la présidentielle du 11 octobre face à sept autres candidats,
confirmant les résultats annoncés deux semaines auparavant par la Commission
électorale, contestés par l'opposition.
Mohamed Ibn Chambas, qui s'exprimait au cours d'une rencontre avec
l'Association de la presse étrangère au Sénégal (APES), a rappelé que M. Condé
avait rencontré le 23 octobre un des chefs de l'opposition, l'ex-Premier
ministre Sidya Touré, arrivé en troisième position.
"J'espère que c'est juste le début d'une large consultation de la part
du président pour un gouvernement de large consensus après sa victoire", a
déclaré M. Ibn Chambas, jugeant que ce serait "bon pour la Guinée et pour
la sous-région aussi".
Il y aurait ainsi "un peu plus de stabilité en Guinée", une
nécessité "après Ebola, qui a créé beaucoup de problèmes au niveau de
(son) économie", a-t-il estimé, en référence à l'épidémie qui s'est
déclarée dans le pays en décembre 2013.
Fodé Oussou Fofana, directeur de campagne du chef de l'opposition Cellou
Dalein Diallo, arrivé deuxième, a réaffirmé samedi soir que son parti ne
reconnaîtrait "jamais les résultats de cette mascarade électorale".
"La démocratie a reculé dans notre pays, c’est dommage pour la
Guinée", a-t-il déclaré à des journalistes.
Dès le lendemain du scrutin, les sept adversaires de M. Condé ont dénoncé
une "mascarade" et refusé par avance d'en reconnaître les résultats.
M. Diallo avait prévenu le 17 octobre qu'il ne saisirait pas la Cour
constitutionnelle et avait promis d'appeler à des manifestations "le
moment venu".
Rappelant le risque de violences lors de manifestations politiques en
Guinée, le responsable de l'ONU a exhorté autorités et opposants à agir pour
changer cette donne, mais aussi poursuivre le dialogue, et faire en sorte que
les élections locales prévues en 2016 se tiennent dans un climat apaisé.
Il faut "que la Guinée arrive à être un pays où la manifestation sera
pacifique, paisible", a-t-il dit, demandant "aux acteurs politiques
de s'abstenir de toute instrumentalisation des clivages ethniques, et
d'incitation à la violence".
D'après Amnesty International, au moins 13 personnes ont été tuées et
environ 80 blessées dans les violences électorales en octobre en Guinée.
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