Présent au 9ème congrès international des ministres de la justice, organisé
par la Communauté Sant ’Egidio à Rome, le ministre d’Etat guinéen en charge de
la justice, Maître Cheick Sako a annoncé la volonté de la Guinée d’abolir dans
les plus brefs délais, la peine de mort. Pas de justice sans la vie. C’est sur
ce thème que la Communauté Sant ‘Egidio et le diocèse de Munich ont organisé
les 22 et 23 février dans la capitale italienne, une rencontre des ministres de
la justice et ce, dans le cadre du Jubilé de la miséricorde voulu par le Pape
François.
Mettant à profit cette tribune, le présentant du gouvernement guinéen Me
Cheick Sako a indiqué que la problématique de la peine de mort sera bientôt
sous les feux des projecteurs en Guinée, à l’occasion de l’examen du projet de
Code pénal révisé qui omet cette peine. Tout en rappelant que l’abolition de la
peine de mort est un très vieux débat qui parait inépuisable, Cheick Sako
s’inscrit du côté des adversaires de son application qui estiment qu’elle n’est
ni nécessaire ni même proportionnelle.
A ce propos, l’homme de droit s’interroge : toute peine devant être
l’ultima ratio (c’est-à-dire l’arme ultime), est-il concevable d’enlever la vie
pour rendre justice alors que justice peut toujours être rendue sans prendre la
vie ? « En toute modestie, je pense que non ! Car, citant Beccaria, nous savons
que les sociétés qui appliquent les peines les plus sévères sont celles qui
connaissent plus de violences et de cruautés. A mon sens donc, enlever la vie
peut être aux antipodes de la justice. L’idée est que la vérité met souvent des
décennies à paraitre. Aujourd’hui, l’ADN ne permet-il pas de démasquer le vrai
coupable 50 ans après ? Ne révèle-t-il pas l’innocence 50 après ? Et si la vie
est enlevée, comment rendre la justice ? »
Le Garde des sceaux a d’ailleurs rappelé que depuis 2002 la Guinée n’a
procédé à aucune exécution de la peine de mort bien que le Code pénal la
prévoie. Au surplus, précise Cheick Sako, lors de son passage à l’Examen
périodique universel en janvier 2015, Conakry a clairement indiqué être dans un
moratoire de fait. Une position, d’ailleurs, en parfaite adéquation avec les
engagements souscrits par la Guinée dans sa Constitution du 7 mai 2010 qui
garantit le droit à la vie, proscrit les peines ou traitements cruels,
inhumains ou dégradants et prescrit la nécessité et la proportionnalité des
peines.
« Mieux, dans le cadre de la révision du Code pénal, en tenant compte de 14
ans de moratoire de fait, la Commission de révision a déjà présenté un
avant-projet de Code pénal qui, s’il est adopté par l’Assemblée nationale,
permettra à notre pays de tourner de jure la page de la peine de mort »,
souligne Maître Sako. Qui reconnait néanmoins être conscient que l’abolition de
la peine de mort ne sera pas un long fleuve tranquille.
« Nous sommes prêts à livrer ce combat avec l’accompagnement du président
Alpha Condé qui a placé la réforme de la justice au cœur des préoccupations de
l’action gouvernementale ». Il reste entendu, ajoute l’ancien avocat du Barreau
de Montpellier, que l’état de la justice est, pour le moins, préoccupant en
Guinée : infrastructures judiciaires et pénitentiaires vétustes ou inexistants,
chaine pénale le plus souvent dysfonctionnelle. C’est dire que le soutien et
l’accompagnement des partenaires techniques et financiers est également
nécessaire, selon Cheick Sako.
Source : guineenews
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire