Le Journal L'INDEXEUR

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lundi 18 août 2025

Conakry – Silence, on frappe la presse : le journaliste Moussa Soumah et sa famille pris pour cible

Alors que le journaliste Moussa Soumah, secrétaire à la rédaction du journal Le Soir, vit aujourd’hui en exil après des menaces persistantes, sa famille et la rédaction du journal ont été violemment attaquées à Conakry les 16 et 17 août. Ces agressions coordonnées, survenues après la publication d’un article sensible dénonçant des abus des forces de l’ordre, soulèvent de graves inquiétudes sur la sécurité des journalistes et la liberté de la presse en Guinée. 
La série d’attaques débute dans la soirée du samedi 11 octobre, à Matoto, lorsque la mère de Moussa Soumah est violemment agressée devant son domicile par deux hommes non identifiés. Selon les témoignages recueillis, la victime sortait d’une boutique lorsqu’elle a été brutalement plaquée au sol et frappée à coups de pied. Les agresseurs lui auraient intimé l’ordre de révéler la localisation de son fils, avant de s’enfuir à bord d’un scooter de type T-Max en direction de Kaloum. 

Quelques heures plus tard, dans la nuit du samedi au dimanche 12 octobre, c’est la rédaction du journal Le Soir, située à Téminétaye (Kaloum), qui est attaquée à son tour. Des individus armés y ont pénétré par effraction, vandalisant les bureaux et emportant plusieurs biens matériels, dont des ordinateurs et des documents de travail. D’après la directrice du journal, Marie-Rose Soumah, ces attaques ne sont pas anodines : « C’est une opération ciblée. 
Moussa Soumah a été pris pour cible à cause d’un article publié dans notre édition du 10 octobre 2022, qui révélait des cas d’extorsion et d’abus commis par certaines forces de l’ordre lors des manifestations du FNDC », explique-t-elle. Cet article, qualifié d’« incitateur » par les autorités, avait valu à son auteur une convocation à la Direction de la Police Judiciaire (DPJ). Bien que le différend ait été réglé à l’amiable, la tension n’est jamais retombée. 

Aujourd’hui, selon la rédaction, les menaces contre le journaliste se sont transformées en traque : « Malgré son départ du pays, sa famille nous rapporte que des agents continuent de le rechercher activement pour l’arrêter », déplore la directrice. Ces faits s’inscrivent dans un contexte préoccupant pour la liberté d’expression en Guinée, où de plus en plus de journalistes subissent des intimidations ou des pressions en raison de leurs enquêtes. L’affaire Moussa Soumah illustre cette tentative d’asphyxie du journalisme d’investigation, pourtant essentiel à la transparence et à la démocratie. 
L’agression de sa mère, couplée à l’attaque contre la rédaction, constitue une atteinte directe au droit fondamental d’informer et un message d’intimidation à l’encontre de tous les professionnels des médias. Face à ces attaques, plusieurs observateurs du monde des médias appellent les autorités guinéennes à ouvrir une enquête indépendante et à garantir la sécurité des journalistes. 

« Ce qui arrive à Moussa Soumah est le reflet d’un climat où le silence est préféré à la vérité. Et lorsqu’un journaliste est contraint de fuir, c’est toute la société qui perd sa voix », commente un confrère sous anonymat. Le journal Le Soir promet de poursuivre son engagement pour une information libre et responsable, malgré les intimidations. « Nous ne céderons pas à la peur », conclut Marie-Rose Soumah, visiblement émue mais résolue. 

Abdoul Karim Bangoura

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