Un jeune
homme a été tué et une dizaine d'autres personnes été blessées mardi à Conakry
après une manifestation de centaines de milliers de partisans de l'opposition
guinéenne, a-t-on appris de sources concordantes.
Le rassemblement - de 700.000 personnes selon le chef de
l'opposition Cellou Dalein Diallo, de moins de 500.000 personnes selon les
forces de l'ordre - s'était déroulé sans incident notable, mais c'est sur le
chemin du retour que les violences ont éclaté, selon les mêmes sources.
La victime, Thierno Hamidou Diallo, 21 ans, "a reçu une balle
en pleine poitrine tirée par un agent des forces de l'ordre alors qu'il était
assis sur le balcon de son appartement à Bambéto sur l'autoroute Le
Prince", en banlieue de Conakry, a affirmé à l'AFP son frère, Mamadou Dian
Diallo.
"Moi-même j'ai entendu le coup de feu mais je ne pouvais pas
imaginer que son auteur visait mon frère", a-t-il expliqué, indiquant
avoir déjà perdu un de ses frères en 2013 dans des manifestations politiques.
Un correspondant de l'AFP a vu le corps de la victime à la
clinique Mère et Enfant avant son transfèrement à la morgue de l'hôpital
Ignace-Deen.
Le ministre de la Sécurité Abdoul Kabélè Camara a confirmé, dans
une déclaration lue dans la soirée à la télévision d'Etat, que des troubles
avaient éclaté en fin d'après-midi "aux alentours du rond-point de
Bambéto, entraînant une intervention de la police au cours de laquelle
"deux cas de blessures graves par balles, dont un mortel, ont été
enregistrés".
L'auteur présumé des tirs, un capitaine de police a été identifié
et interpellé et "mis immédiatement à la disposition de la Direction
centrale de la police judiciaire", a affirmé le ministre, exprimant les
regrets des forces de sécurité "malgré les consignes strictes données".
Le chef de l'opposition, qui a présenté ses condoléances à la
famille et s'est rendu à la clinique, a demandé aux jeunes de quitter les rues
après cette mort.
"Nous allons porter plainte contre X, même si nos plaintes
n'ont jamais été acceptées par les tribunaux guinéens depuis que M. Alpha Condé
a pris le pouvoir, mais nous allons nous battre encore contre cet état de
fait", a déclaré M. Diallo à des journalistes.
Outre ce décès, le gouvernement a fait état de douze blessés et
six interpellations.
- 'Mauvaise gouvernance' -
Dans l'après-midi, la manifestation proprement dite, sur 15 km, de
la banlieue vers le centre-ville, pour terminer à l'Esplanade du stade du 28
septembre, où s'est tenu un meeting géant, s'était pourtant déroulée dans le
calme.
Outre M. Diallo, chef de l'Union des forces démocratiques de
Guinée (UFDG), deux autres candidats malheureux à l'élection présidentielle
d'octobre 2015 - Faya Millimono, du Bloc libéral (BL), et Papa Koly Kourouma,
de Génération pour la réconciliation, l'unité et la prospérité (Grup) - se
trouvaient parmi les dirigeants présents dans le cortège.
"Alpha démission, Alpha incapable, Alpha ça suffit, Alpha tu
ne peux pas, les étudiants chôment, nous voulons du travail", scandait la
foule, parmi laquelle on pouvait lire sur des pancartes: "Mort à la
dictature", "Non à la stigmatisation", "A bas
l’ethnocentrisme" ou encore "Vive la démocratie".
M. Diallo a salué une "grandiose mobilisation", preuve
selon lui du "rejet de la dictature et la mauvaise gouvernance de M. Alpha
Condé".
Le président Condé "a mis tout le monde au chômage, il a
chassé les miniers, dont Rio Tinto et Vale qui étaient les seuls capables de
créer des emplois et d'offrir à notre jeunesse des emplois décents, ils ont
tous fermé leurs portes et quitté la Guinée", a-t-il encore affirmé.
M. Diallo faisait notamment référence au gigantesque projet de
Simandou, gisement de minerai de fer dans le sud du pays, dont le groupe minier
britannico-australien Rio Tinto a reconnu en juillet qu'il ne pourrait le mener
à bien en l'état actuel des cours mondiaux.
Malgré cette déconvenue et "le défi que représente le
financement du projet", le gouvernement a affirmé le 4 juillet mettre
"tout en œuvre" pour en assurer le financement du projet et compter
"sur les parties signataires du cadre d'investissement pour respecter
leurs engagements".
Source :
AFP
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