Des centaines de personnes
ont assisté jeudi à Conakry à la commémoration d'exécutions de masse il y a 47
ans, sous le régime du premier président guinéen Sékou Touré, a constaté un
journaliste de l'AFP.
Des membres des familles de victimes ont d'abord participé à un
rassemblement au pont dit "des pendus", dans le centre de Conakry, où
quatre hauts responsables de l'Etat dirigé par Sékou Touré (1958-1984) ont été
exécutés au petit matin le 25 janvier 1971.
Parmi ces responsables, accusés de comploter contre le régime,
figuraient le ministre du Plan, Barry Ibrahima, dit "Barry III", et
celui de l'Economie et des Finances et gouverneur de la Banque centrale de
Guinée, Baldé Ousmane.
Des diplomates de Grande-Bretagne, des Etats-Unis et de l'Union
européenne et des représentants de l'ONU ont pris part au rassemblement aux
côtés de parents, amis et proches des personnes pendues.
Les manifestants, tout de rouge vêtus en signe de deuil, ont
ensuite visité l'ex-camp Boiro, prison symbole de la répression sous Sékou Touré,
où une cérémonie de lecture du Coran a été organisée pour "le repos de
l'âme des disparus".
"En même temps que nous commémorons cet anniversaire, nous
nous recueillons pour la mémoire de plus de 80 personnes qui furent pendues ou
fusillées sur toute l'étendue du territoire national ce même jour", a
déclaré le porte-parole des familles de victimes du camp Boiro, Lamine Kamara.
La Guinée, ex-colonie française d'Afrique de l'Ouest, a été
dirigée jusqu'à l'arrivée au pouvoir en 2010 de l'ancien opposant Alpha Condé
par des pouvoirs autoritaires, voire dictatoriaux.
Le camp Boiro, en banlieue de Conakry a été rebaptisé camp
Camayenne. De nombreux vestiges des exactions qui y ont été commises, tels que
des témoignages écrits sur les murs par des prisonniers, ont disparu au cours
de sa rénovation sous la transition militaire dirigée de janvier à décembre
2010 par le général Sékouba Konaté.
Cette commémoration est un "devoir de mémoire. Elle fait
partie du processus de sauvegarde de notre histoire que les inconditionnels du
Parti démocratique de Guinée, PDG ex-parti unique sous Sékou Touré) veulent
travestir", a dit M. Kamara.
Sékou Touré a dirigé la Guinée pendant 26 ans, de son
indépendance, en 1958, à 1984. Durant sa présidence, quelque 50.000 personnes
ont été torturées, fusillées, pendues ou ont "disparu" en détention,
selon des associations de victimes et organisations de défense des droits de
l'Homme.
Source : AFP
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