Le Journal L'INDEXEUR

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jeudi 4 janvier 2018

Le fabuleux destin de « Mister George »

Et soudain... c'est l'explosion de joie. Un homme se jette à terre, sans s'arrêter de crier ni de danser, les bras levés au ciel à même le bitume du principal boulevard qui traverse Monrovia. À côté, au milieu de la foule, des couples tournent sur eux-mêmes, au son des vuvuzelas et autres klaxons. 

Des femmes poussent des cris, pleurent, parfois font les deux. Le Liberia jubile ! Son champion national, l'ancien footballeur George Weah, vient d'être élu président. Il apparaît enfin. Vêtu d'une longue chemise d'un bleu profond au col Mao, la barbe poivre et sel désormais reconnaissable entre mille. 

Il est sonné. Il ne peut plus contenir son émotion. Les larmes débordent de ses yeux qu'encadrent de fines lunettes. Il penche la tête, les bras tendus, bien accrochés à la rambarde en béton du balcon au-dessus d'une foule en délire. Il retire ses lunettes, s'essuie délicatement les yeux. Il semble ne pas y croire. Au moment où il se redresse pour regarder dans les yeux les Libériens venus l'acclamer, il a à l'esprit ce chemin qui l'a conduit à Executive Mansion, le palais présidentiel.

Né à Clara Town, l'un des quartiers les plus pauvres de la capitale, membre de l'ethnie Krou (présente de part et d'autre de la frontière avec la Côte d'Ivoire) – exclue de l'élite traditionnelle incarnée par les descendants d'anciens esclaves américains –, l'ex-star du ballon rond a été élevée dans la foi chrétienne par sa grand-mère paternelle, Emma Brown, à Gibraltar, un bidonville de Monrovia, entouré de ses 15 frères, sœurs et cousins.

Durant la campagne, c'est sans doute l'élément qui a joué en sa faveur. « Je sais que [l'autre candidat, le vice-président Joseph] Boakai ne peut pas me battre. J'ai le peuple avec moi », clame-t-il à qui veut l'entendre. 

Weah confie qu'enfant il vendait chewing-gums, pop-corn et autres sucettes pour survivre. C'est sa grand-mère qui lui offrit son premier ballon de foot à l'âge de 7 ans. La suite de l'histoire est connue. Il fréquente de plus en plus le terrain de football quasi impraticable du quartier.

 L'école de Mechlin Street, puis la Muslim Congress School ou encore le lycée de la Wells Hairston High School ne le voient qu'épisodiquement. Âgé d'à peine 16 ans, George Weah rêve déjà d'une carrière. Et ça marche.

Le peu d'argent qu'il gagne et qu'il ne verse pas à sa famille, il le place dans les clubs qui le voient évoluer. Ce sont les meilleurs du Liberia. Son nom commence à faire le tour du continent. 

Il joue au Cameroun qui domine le football africain et au Tonnerre Kalara Club (TKC) de Yaoundé, sous la houlette du général Semengue, l'un des clubs les plus mythiques du pays. 

C'est là que George Weah est repéré par Claude Le Roy, entraîneur de l'équipe nationale camerounaise et ami de l'entraîneur de l'AS Monaco de l'époque, Arsène Wenger. « Wenger m'a dit qu'avec ma capacité de pénétration et ma technique, j'avais tout pour devenir un grand avant-centre », racontera plus tard Weah.

Source : Le Point

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