Quelque
5,9 millions d'électeurs sont convoqués dimanche à ce scrutin, qui devait se
tenir en 2010 mais a été constamment reporté depuis, malgré de nombreuses
manifestations de protestation, souvent meurtrières.
Juché
sur le toit d'un immeuble surplombant l'autoroute "Fidel Castro", qui
traverse Conakry, Mamady Diané accroche drapeaux et banderoles jaunes, la
couleur du parti du président Alpha Condé, dans la commune de Matam.
"J'ai
tout arrêté, je me mets à la disposition de mon parti et de mon candidat pour
ces élections communales", explique à l'AFP ce vendeur de pièces
détachées, vêtu d'un uniforme, jaune également.
Les
dernières élections locales remontent à 2005, sous la présidence du général
Lansana Conté (1984-2008), dont le parti avait raflé plus de 80% des suffrages,
ainsi que 31 des 38 communes urbaines et 241 des 303 communes rurales que
comptait alors le pays.
Les
mandats des exécutifs municipaux étant arrivés à échéance, ils ont été
remplacés par Alpha Condé, élu en décembre 2010. Depuis, le gouvernement
invoquait des questions financières pour justifier le report de ce scrutin,
l'opposition l'accusant de vouloir ainsi concentrer tous les pouvoirs.
A la
suite d'un accord entre le pouvoir et l'opposition et de l'élection
présidentielle de 2015, ces exécutifs ont été renouvelés, au prorata des voix
obtenues par chaque parti aux derniers scrutins nationaux.
Malgré
un nouvel accord, en octobre 2016, fixant enfin les élections locales à février
2017, elles ont été encore retardées en raison de divergences sur
l'organisation.
En
septembre, des dizaines de milliers de personnes ont à nouveau manifesté à
Conakry pour exiger l'organisation de ce scrutin finalement convoqué en
décembre par le président Condé pour le 4 février.
'Rampe de lancement'
Pour
désigner les dirigeants des 342 communes guinéennes, les électeurs devront
choisir parmi 29.554 candidats, dont 7.055 femmes, répartis sur plus de 1.300
listes de partis, de coalitions ou se présentant comme candidats indépendants,
qui constitueront les conseils municipaux, chargés ensuite de désigner les
exécutifs locaux.
Ces
élections sont un "aboutissement", estime Ibrahima Camara, directeur
de campagne du parti de l'ancien Premier ministre Sidya Touré (1996-1999)
candidat malheureux aux élections présidentielles de 2010 et 2015.
"Les
populations vont être intéressées, elles vont être impliquées dans la gestion
et ça va être une sorte de rampe de lancement pour enfin amener Sidya Touré en
2020 à la magistrature suprême", ajoute-t-il, alors que la Constitution
n'autorise pas M. Condé à briguer un troisième mandat.
En
province, si des villes comme Kankan (est) et Labé (centre) apparaissent
respectivement acquises au pouvoir et à l'opposition, la bataille s'annonce
rude à Kindia (ouest) ou N'Zérékoré (sud).
A
Kindia, le maire, appartenant à l'opposition, aura fort à faire face au
candidat du parti présidentiel, qui a reçu le renfort de deux ministres, Cheick
Taliby Sylla (Energie) et Oyé Guilavogui (Transports), tous deux natifs de la
ville.
Dans
le quartier administratif et des ambassades de la capitale, des véhicules aux
couleurs des partis sillonnent les rues pour attirer l'attention des passants.
"Ce
n'est pas mon candidat", s'exclame Mariam Camara, qui avait cru
reconnaître la photo de son favori, s'attirant les moqueries d'une amie.
Près
du centre médical de Ratoma, la commune la plus peuplée de Conakry, Abdoulaye
Barry a sorti une sono pour vanter les mérites de son candidat. "Ou tu baisses
le volume, ou tu déménages, sinon nous allons maudire ton candidat et il va
perdre", lui lance vertement un médecin.
Echaudé
par "le népotisme et le clientélisme" qui ont jusqu'à présent marqué,
selon lui, la gestion des communes, Boubacar Sow soutiendra cette fois un
candidat indépendant.
Salimatou
Sow, vendeuse sur le marché de Madina, l'un des plus grands d'Afrique, a, elle,
choisi l'abstention. "Tout ce tintamarre, c'est de la poudre. Une fois
élus, ils vont tous oublier leurs engagements, s'enrichir sur le dos de la
population et oublier le ramassage des ordures, le curage des caniveaux,
l'aménagement des aires de jeux, la création d'emplois", dit-elle.
Source : AFP
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