Le gouvernement guinéen, confronté depuis le début de la semaine à
une grève des enseignants ayant entraîné la mort de deux jeunes manifestants, a
appelé jeudi au "réalisme" le leader syndical dissident Aboubacar
Soumah, qui de son côté s'est défendu d'être un "rigolo".
"Soyons réalistes", a déclaré jeudi à un petit groupe de
journalistes le ministre et porte-parole du gouvernement, Albert Damantang
Camara, en reprochant aux grévistes de réclamer des augmentations de salaire
trop élevées et sans distinction entre "les enseignants du primaire ou du
collège".
"Cela ne se passe jamais comme ça. La revendication est posée
d'une manière telle qu'il nous est impossible d'y répondre", a-t-il
ajouté, alors que le mouvement déclenché lundi par Aboubacar Soumah se
poursuivait pour la quatrième journée consécutive.
Le porte-parole du gouvernement a aussi suggéré à M. Soumah,
membre de la faction dissidente du Syndicat libre des enseignants et chercheurs
de Guinée (SLECG) de "quitter l'illégalité".
"Discuter avec Soumah, cela revient à reconnaître qu'il y a
deux SLECG et nous, on ne peut pas se le permettre", a estimé M. Camara.
De son côté, le chef des grévistes a accusé le gouvernement et la
branche reconnue du syndicat de tenter de marginaliser son mouvement.
"Le gouvernement nous minimise mais nous allons prouver que
nous sommes représentatifs et les autorités sauront quel syndicat il faut
croire", a déclaré Aboubacar Soumah à l'AFP.
Quant à ses anciens camarades syndicaux, "ceux qui racontent
n'importe quoi sur les médias d'Etat pour plaire, ils comprendront que nous ne
sommes pas des rigolos", a-t-il ajouté.
Alors que la Guinée attend dans un climat tendu les résultats des
élections locales du 4 février, qui ont entraîné des violences ayant fait au
moins sept morts, les autorités ont rappelé qu'elles avaient accepté une partie
des revendications salariales des enseignants.
"Le gouvernement a confirmé que la première tranche
(d'augmentation) de 10%, sur les 40 prévus, sera effectivement payée fin
février", conformément à un accord conclu en octobre, a-t-il indiqué dans
un communiqué.
Début décembre, après trois semaines de grève pour réclamer des
augmentations de salaires, le Syndicat libre des enseignants et chercheurs de
Guinée (SLECG) avait suspendu pour deux mois le mouvement pour laisser le temps
à la négociation.
Mais le 1er février, le syndicaliste dissident Aboubacar Soumah,
dissident de cette
Organisation, avait promis une "grève générale
illimitée" à partir du 12 février, considérant que les revendications
salariales à l'origine de la mobilisation n'avaient pas été satisfaites.
Source : AFP
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