La Guinée s'est dotée cette semaine d'un nouveau Code pénal qui
supprime la peine de mort, a appris l'AFP jeudi auprès de députés et de l'ONG
Amnesty International, selon laquelle la dernière exécution capitale dans le
pays remonte à quinze ans.
Le
nouveau Code pénal ainsi que le nouveau Code de procédure pénale ont été
adoptés par l'Assemblée nationale lundi. Pour entrer en vigueur, les deux
textes doivent encore être promulgués par le chef de l'Etat Alpha Condé, à une
date non déterminée.
Ils
ont été votés par la majorité des députés, ont affirmé à l'AFP deux des
parlementaires, Ousmane Gaoual Diallo (opposition) et Mamadi Kandé (majorité).
Le
nouveau Code pénal "ne dit rien concernant la peine de mort. Nous sommes
dans un moratoire. Il est silencieux sur la question", a précisé M. Kandé.
"Concernant
la peine de mort, la Guinée s'achemine vers ce qu'on appelle un moratoire de
droit. Ce n'est pas encore l'abolition. Mais nous passons du moratoire de fait
au moratoire de droit", a déclaré à l'issue du vote le ministre de la
Justice, Cheick Sako, selon des propos rapportés cette semaine par des médias
locaux.
Le
nouveau Code pénal "supprime la peine de mort de la liste des peines
applicables et, pour la première fois, criminalise la torture", fait de son
côté valoir Amnesty International dans un communiqué, assimilant cette
suppression à une abolition de la peine capitale.
"Quinze
ans après avoir procédé à sa dernière exécution, la Guinée, en adoptant ce Code
pénal, devient le 19e pays d'Afrique à abolir la peine de mort pour tous les
crimes, se plaçant du bon côté de l'Histoire", se félicite François
Patuel, chercheur pour l'Afrique de l'Ouest à Amnesty International, cité dans
le communiqué.
De
même source, la nouvelle loi punit la torture "de peines allant d'une
amende de 500.000 francs guinéens (60 euros) à 20 ans d'emprisonnement".
L'ONG
s'inquiète cependant du fait que la nouvelle loi "ne prévoit pas de peines
explicites" pour "certaines formes de tortures les plus fréquentes
(...) définies comme des traitements cruels et inhumains". C'est le cas
"notamment du viol, des décharges électriques, des brûlures, des positions
douloureuses, de la privation sensorielle et des simulacres d'exécution et de
noyade".
Amnesty
invite le président à demander une révision du texte avant de le promulguer,
pour ne pas risquer de renforcer "la culture de l'impunité pour les forces
de sécurité".
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