Quelques
rares internautes du Tchad contournent ce qu’ils pensent être une restriction
délibérée des libertés d’expression, en recourant aux applications de sécurité.
Ils ont su trouver un détour qui leur permet d’accéder aux réseaux sociaux.
Cette perturbation remonte à février dernier lorsque les élèves
de quelques établissements scolaires de la capitale ont lancé des manifestions
pour soutenir la jeune lycéenne Zouhoura violée par un groupe des fils de hauts
dignitaires de la République.
Pour
contenir le mouvement d’humeur, les autorités ont procédé à la coupure des
réseaux sociaux alors que le président Idriss Deby lui-même a utilisé le même
canal pour condamner cet acte et appeler au calme.
Ensuite, cette
perturbation s’est poursuivie pendant la campagne électorale de la
présidentielle contestée du 10 avril 2016.
Pire, à quelques jours
de l’investiture du président élu, la censure n’est toujours pas levée.
Impossible d’avoir accès
à Facebook, twitter, Whatsapp ou encore Viber. Pour les internautes tchadiens
cette censure a un fondement politique.
“Le gouvernement fait
allusion à la sécurité, mais nous avons été par le passé frappés ici en plein
cœur à N’Djamena (NDLR, par des djihadistes), ça n’a pas amené le gouvernement
à restreindre l’accès aux réseaux sociaux. Si ce n’est pas lié à la politique…
alors qu’on nous dise clairement. A mon avis, le gouvernement craignait que ces
réseaux utilisés pour organiser une grande mobilisation des citoyens en vue de
contrecarrer ce holdup électoral. Ça ne peut pas avoir un autre lien que
politique”, se plaint un internaute rencontré sur les rues de la capitale
tchadienne.
Pour Daouda, le
secrétaire général de l’Association pour la Défense des Droits des
consommateurs des libertés d’expression, l’interruption de l’accès aux réseaux
sociaux ces derniers mois ne se justifie pas.
“Un opérateur estime
qu’utiliser les réseaux sociaux causerait un manque à gagner pour lui. Je ne
pense pas que tous les deux ou trois opérateurs qui sont sur place puissent de
façon unanime avoir des perturbations sur les réseaux. En plus, les
perturbations ne peuvent pas durer pendant deux ou trois mois. Donc, il y a une
déduction à faire : c’est que le gouvernement est interpellé. Si le
gouvernement répond qu’il n’a pas ordonné la coupure qu’il donne alors des
injonctions aux opérateurs de rétablir l’accès puisque les droits des
consommateurs sont bafoués”, tranche des libertés d’expression.
Le chargé de la
communication d’Internet-Gouvernance-Forum au Tchad, Tidjani Mahamat Guinassou
estime, de son côté, que le gouvernement a intérêt à clarifier cette situation.
“En matière de la
technologie, on peut toujours prendre une mesure et les gens trouveront
toujours une possibilité de la contourner. Donc je crois que la meilleure
manière, c’est qu’eux aussi utilisent également la technologie pour contrer
leurs adversaires que d’empêcher certains à y accéder”, soutient M. Guinassou.
Contacté par VOA
Afrique, le ministre de la communication qui assure l’intérim de son collègue
des postes et des nouvelles technologies refuse de se prononcer sur la
question.
Source : VOA Afrique
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