Le Journal L'INDEXEUR

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lundi 18 décembre 2017

« Je ne voulais pas mourir » : ces migrants qui ont choisi de rentrer chez eux

Ils sont trois. Trois parmi tant d’autres, plus de 300 au total. Issa, Mamadou et Abdou* viennent de Conakry, en Guinée, ont tenté leur chance pour passer en Europe via le Mali puis l’Algérie ou la Libye, avant de finalement renoncer et de rentrer chez eux, pour « ne pas mourir ». Depuis quelques jours, ils sont de retour à Agadez, le corps et l’esprit meurtri. Reportage.

Ils ne se connaissaient pas à Conakry. Pourtant, tous trois auraient pu faire un bout de chemin ensemble. La vingtaine, ils partagent une passion pour le football et une histoire commune : celle d’avoir emprunté la route de la Méditerranée en espérant voir l’Europe et d’avoir choisi de renoncer. Sont-ils soulagés ? 

Sont-ils effrayés de retourner dans leur famille avec le poids d’un échec ? Les deux, sans doute. Ils ne le diront pas. La pudeur. L’envie de laisser derrière soi « une catastrophe », confiera Abdou.

Lui n’a pas connu la Libye. Il y a choisi la route algérienne. De Conakry, il a pris le bus, comme tant d’autres. De Conakry à Bamako, au Mali. De Bamako à Ouagadougou. D’Ouagadougou à Niamey. De Niamey à Agadez, où il est arrivé, pour la première fois en mai 2017, allégé de quelques dizaines de milliers de francs CFA payés à la compagnie de bus Rimbo. 

Aux portes du désert, le regard tourné vers Alger, il patientera huit jours dans un « ghetto », une simple maison où les candidats à la migration attendent les passeurs.
Espoir à Tripoli


Est-ce le même ghetto qu’a fréquenté Mamadou ? Sans doute pas. Au minimum, Agadez en compte actuellement une centaine et ils étaient beaucoup plus nombreux les années précédentes. Toujours est-il que Mamadou a suivi le même trajet, dans une compagnie de bus privée dont il ne se souvient plus du nom. Lui aussi a connu le « ghetto », avant le grand départ. Il a choisi la Libye, au contraire d’Abdou. Le trajet est plus cher, mais les ports de la Méditerranée semblent plus susceptibles de l’amener en Italie.

Avec 24 personnes, Abdou finit par embarquer, moyennant 180 000 francs CFA (274 euros). Il a le sourire aux lèvres : son passeur lui a « accordé » une ristourne de 20 000 francs CFA. Il passera cinq jours dans le désert. 

Mais il ne s’épanche pas. A-t-il entendu parler de personnes abandonnées dans les dunes ? « Oui », concède-t-il. Il n’ira pas plus loin. Son récit reprend à Tripoli, où il parvient une nouvelle fois à payer 500 euros. Le prix d’un passage par bateau vers l’Italie. Chaque jour, il espère prendre la mer. Mais rien ne vient. L’angoisse.

Source : Jeune Afrique

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